Le billetd’Édouardde Frotté Le billetd’Édouardde Frotté
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Voici un certain temps, vingt ou trente mille ans peut-être, la Seine se jetait dans la Tamise, à moins que ce ne fût la Tamise qui se jetât dans la Seine. Ce point tarde à être éclairci, mais les deux rivières, sur un sol pas encore effondré pour devenir la Manche, joignaient leurs cours dirigés vers l’Atlantique. C’est en vain qu’on chercha depuis, à travers guerres et paix, à réunir les frères siamois séparés par la mer. La dernière tentative voulait même unir, par-delà la France, l’Angleterre à l’Europe entière. Avec force whisky et champagne mêlés, je levais mon verre à cette occasion, mais sans convictions abusives. Et pourtant, rien n’a mieux enchanté mes souvenirs d’enfance que le son de Big Ben entendu à la BBC pendant l’Occupation. Plus tard, cette même BBC proclamait : « Il y a du brouillard sur la Manche, le Continent est isolé. » Cette fierté britannique, dont il nous arrive parfois d’être jaloux, s’incarne aujourd’hui par les femmes : la reine Élisabeth, Margareth Thatcher, Theresa May. La tentation est grande de dire que cette dernière a des accents thatchériens. Pourtant, leur jeu politique paraît bien différent : Margareth Thatcher voulait capter la Communauté européenne pour la faire évoluer selon son avantage, mais lorsque le fer de la Dame de fer était chauffé à blanc, il en résultait des contorsions malencontreuses. Theresa May, armée d’un Brexit dur, serait plutôt Dame de bronze : elle réfléchit, puis abat ses cartes. En dépit de l’Écosse et de l’Irlande du Nord, ça passe ou ça casse. Doit-on le regretter ?
Napoléon III, snobé des princes européens, familialement liés entre eux, disait : « On peut subir sa famille, mais on choisit ses amis. » Pour ma part, sans rejeter la famille, j’aime surtout, en arrivant à Londres, humer un parfum de dépaysement, qui donne du sel à une vieille amitié.
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